Québec, printemps 1974. Un ami de ma sœur Claire (toujours elle…) possédait un Fujica ST 801. Il était du genre toujours fauché et il me l’a prêté un bout de temps dans l’espoir que je le lui achète. Comme j’étais moi-même du genre toujours fauché, je ne croyais pas pouvoir le lui acheter mais j’ai essayé l’engin très sérieusement…
J’avais l’habitude du Canon G-III et il y a un monde de différence entre un télémètre couplé et un reflex. L’attrait du reflex était multiple. Le côté «professionnel » et le boîtier noir n’était pas sans impressionner l’adolescent attardé que j’étais… L’engin était lourd. Un char d’assaut. En plus du boitier, il y avait des objectifs interchangeables à vis, comme les fameux Pentax (pour ceux qui connaissent), un grand angle et un petit télé, des filtres pour photo rapprochée.
Reste que la visée réflexe était une découverte majeure et que je goûtais enfin à l’esthétique 35mm… Voyez par-là, prendre conscience « in situ » de la profondeur de champs… J’ai travaillé presque exclusivement en diapo avec cet appareil.
Lors d’une petite randonnée dans un autobus de Québec (j’ai dit que j’étais fauché…), j’avais pris place sur le dernier banc à l’arrière et j’ai voulu prendre un cliché de mon environnement immédiat. Habitué que j’étais au très silencieux Canon, le claquement du miroir quand j’ai déclenché m’a fait sursauté autant que les autres passagers qui se sont tournés vers moi avec un regard plutôt hostile… Rarement été aussi embarrassé de ma vie…