Les plages, d’ordinaire, quand on s’y trouve, c’est qu’il fait beau, c’est qu’il fait chaud. Le plus souvent, c’est l’été, parfois indien. Les plages, en hiver, on en parle peu. L’hiver, elles sont désertées. Rarement arpentées. On les regarde de loin, en passant, bien au chaud, dans sa voiture qui file sur la 138. Ou les deux pieds collés sur le poêle à bois qui pétasse dans son salon vitré.
On pourrait croire qu’elles trouvent le temps long, qu’elles s’ennuient. Pensez-vous? Elles font ce qu’elles ont à faire. La routine. Elles se font des glaces, des banquises, s’en débarrassent, sans témoin, ou si peu. Elles semblent surprises de cette visite si peu fréquente. Elles se voient prises en flagrant délit d’engelure ou de dormance sous le manteau de glace mais restent impassibles et s’accrochent au naturel de la vie.
Ils sont rares ceux ou celles qui s’y aventurent. Pourquoi ne pas jouer l’exception? On sort et on se la fait hors-saison. Ces images ne constituent pas un inventaire exhaustif. Loin de là. Elles ne sont que l’amorce d’un ouvrage si vaste que je sais ne jamais en venir à bout. La bande annonce d’un long métrage que chacun d’entre nous peut se concocter au fil des hivers, des trajets routiniers comme des sorties expresses pour visiter la côte quand elle repose sous la neige ou la glace, quand elle rue dans les brancards au gré des tempêtes et des marées.