La relation avec l’appareil

Mis à part quelques rares exceptions, tous les appareils photographiques qui ont jalonné ma démarche sont sous mon toit. Et pour reprendre la formule « mis à part quelques rares exceptions », ils sont tous fonctionnels. On s’attache à ses vieilles reliques, pourrait-on dire, mais on n’abandonne pas ses vieux compagnons de route… La présentation va du début vers le plus récent. Ce volet est évolutif. Un chapitre s’ajoutera chaque semaine jusqu’à ce que j’atteigne le moment présent.

NOTE: Je précise que j’ai débuté la rédaction de ces textes en 1999 et qu’à partir de cette date, les textes présentés ont été couché sur papier à une époque proche de l’utilisation de l’appareil concerné. Ils sont aussi le reflet de ma conception de cette « relation avec l’appareil » qui prévalait à l’époque.

Les premiers « Kodak » de ma vie / Le Brownie Starflex.

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Ma tendre enfance fut bercée par les vedettes de l’époque, à savoir, les « Kodak » en Bakélite qui utilisaient du film 126 ou 127. Le petit hublot rouge qui laissait voir passer la flèche et les numéros de pose, le flash à ampoules bleues que l’on visse sur le côté de l’appareil, le viseur « waist level », etc… Je me souviens de photos en noir et blanc mais surtout des films diapo. Ces diapos existent encore mais commencent à désaturer. Faudra entreprendre une opération sauvetage avant longtemps… Ma première image à vie fut accidentelle. J’étais en avance sur mon temps, j’ai fait un selfie avec le Brownie familial actionné par excès de curiosité. Ma première démarche photographique fut en noir et blanc et date de 1969 lors d´un rallye familial organisé par le club Kiwanis du Cap de la Madeleine et dont mon père était un membre très actif. Pour être précis, un Brownie Starflex fut ma première monture. Ont suivi des diapos dont le sujet était la Chrysler ´67 de mon père. Déjà, à l’époque, la perspective agressive était à l’honneur. Le cadrage en diagonale cherchait à donner une impression de mouvement…

Le premier 35mm / le CANON G-III.

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Thetford Mines, 1973. À cette époque, ma sœur Claire envisageait de faire des études en cinéma et possédait un Canon G III mais ne l’utilisait pas. Elle m’a offert de m’en servir. Je l’ai utilisé régulièrement en 73, 74 mais un beau jour, son ex est parti avec le Canon…

La première impression que j’ai eu du Canon, c’est le métal. Les Brownies en plastique étaient légers. Malgré sa compacité, le Canon me semblait lourd en comparaison mais cette sensation était positive. Il s’agissait, bien sûr, du poids de la qualité. La sensation tactile était fascinante. J’avoue qu’à l’époque, je n’ai pas utilisé tout le potentiel de l’appareil. Je ne me souviens pas avoir travaillé autrement qu’en automatique. Cependant, le résultat fut toujours à la hauteur et c’est tout dire si j’ajoute qu’à l’époque, j’utilisais majoritairement du film Fujichrome.

À l’été 96, je vais chez Simon’s Camera pour acheter un zoom Sigma 70-300 APO pour le Nikon. Que vois-je sur la tablette ? Un Canon G-III. Il en demande $195. Je tente de marchander mais rien à faire. Je choisis la patience et je me dis qu’avec le temps, si la chose reste sur les tablettes, il finira bien par baisser son prix. Après 6 mois de négociations, je cède et j’avance les $195 demandés. Même sensations qu’à l’origine, le même plaisir retrouvé mais avec un élément de surprise. Avec toutes ces années à exploiter le grand angle, passant du 35 au 28, du 24 au 20, j’avoue ne plus être à l’aise avec un 40mm. J’ai l’impression de manquer de recul mais ça revient. J’apprécie plus que jamais l’ouverture à 1,7 et le viseur à télémètre couplé! Le Leica du pauvre, je vous dis… La garantie aurait pu être plus longue, ça aurait fait mon affaire. Au bout de 4 mois, kaput. Les lamelles de l’obturateur sont figées. Réparer la chose est trop onéreux pour un « nice to have ». Désormais, elle sert de bibelot dans ma bibliothèque où sont regroupés tous les appareils de mon parcours à l’exception du Minolta SRM que je n’aurais jamais du laisser aller mais ça, c’est une autre histoire…

Première rencontre avec un reflex / le FUJICA ST 801.

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Québec, printemps 1974. Un ami de ma sœur Claire (toujours elle…) possédait un Fujica ST 801. Il était du genre toujours fauché et il me l’a prêté un bout de temps dans l’espoir que je le lui achète. Comme j’étais moi-même du genre toujours fauché, je ne croyais pas pouvoir le lui acheter mais j’ai essayé l’engin très sérieusement…

J’avais l’habitude du Canon G-III et il y a un monde de différence entre un télémètre couplé et un reflex. L’attrait du reflex était multiple. Le côté «professionnel » et le boîtier noir n’était pas sans impressionner l’adolescent attardé que j’étais… L’engin était lourd. Un char d’assaut. En plus du boitier, il y avait des objectifs interchangeables à vis, comme les fameux Pentax (pour ceux qui connaissent), un grand angle et un petit télé, des filtres pour photo rapprochée.

Reste que la visée réflexe était une découverte majeure et que je goûtais enfin à l’esthétique 35mm… Voyez par-là, prendre conscience « in situ » de la profondeur de champs… J’ai travaillé presque exclusivement en diapo avec cet appareil.

Lors d’une petite randonnée dans un autobus de Québec (j’ai dit que j’étais fauché…), j’avais pris place sur le dernier banc à l’arrière et j’ai voulu prendre un cliché de mon environnement immédiat. Habitué que j’étais au très silencieux Canon, le claquement du miroir quand j’ai déclenché m’a fait sursauté autant que les autres passagers qui se sont tournés vers moi avec un regard plutôt hostile… Rarement été aussi embarrassé de ma vie…

Première acquisition / le MINOLTA SR-3.

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Québec, printemps 1975. Les cours du soir en arts au CEGEP Ste-Foy m’ont fait rencontrer un ami de Thetford déménagé à Québec, Rivard Marois. Sa conjointe était impliquée dans le comité de l’éducation permanente tout autant que moi et c’est ainsi que nous avons repris contact. Il tripait photo depuis longtemps et on s’est mis à parler de mon désir de me procurer un 35mm reflex. Il m’a vendu un Minolta SR-3 avec une 50mm/1.8, un télé Soligor 135mm/3.5 « preset ». Cet équipement datait de 14 ans mais était en parfait état.

Le SR-3 est complètement manuel avec un posemètre amovible qui se greffe sur le dessus du boîtier. Ce sera un merveilleux outils d’apprentissage. J’ai traîné l’engin en moto pendant deux ans, j’ai travaillé principalement en diapo. Avec ce que je sais aujourd’hui de la diapo, je suis surpris (à rebours) des résultats obtenus. C’est également avec le SR-3 que j’ai fait mes premières armes en noir et blanc. Rivard m’a aussi initié à l’idée de faire du noir et blanc et, pour minimiser les coûts, de faire faire des planches-contact.

Il a repris le SR-3, quelques années plus tard, en échange pour un Minolta SRM mais j’ai retrouvé un boitier sur Ebay au tournant du siècle. Le 1er octobre 2001, la technologie moderne fait en sorte que j’ai un boitier high tech (Nikon F100) mais pas d’objectifs puisque j’avais dû les envoyer à Toronto pour une mise à jour logicielle (!) pour saisir de superbes aurores boréales. En moins de temps pour le dire, j’ai sorti le SR3 et un objectif 28mm. Le film Fuji Superia 800 ISO de dernière technologie argentique a fait le reste. Face au numérique, l’argentique n’a pas dit son dernier mot! À 60 ans bien sonnés, le SR-3 fonctionne toujours…

La première machine neuve / Le MINOLTA XE-5.

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Fermont, printemps 1977. Viseur noir sur boitier chrome, ça ressemblait au Nikon F2. Pour cette raison, je l’ai préféré au XE-7 pourtant pas tellement plus dispendieux. Je n’ai pas fait les choses à peu près, c’est avec une 50mm/1.4 que la machine est arrivée à la maison. Ma première machine automatique. Débrayable, bien sûr. L’engin est plus lourd et plus encombrant que le SR-3, il a pour lui la réputation de Leica avec qui Minolta a développé les XE-5 et XE-7. Avec le recul, et après avoir fait l’expérience d´un Leicaflex, j’ai réalisé que la légendaire douceur Leica, sans y être à 100%, se manifestait quelque peu…

A l’époque, cependant, la tendance à la motorisation pointait déjà le bout de son nez et le XE-5 n’était pas motorisable…

Pour faire une histoire courte, j’ai vendu le XE-5 à mon copain Gerry Valcourt, qui me l’a cédé plusieurs années plus tard en échange d´un service. Le commutateur de mise en marche était brisé, j’ai fait réparer en même temps qu’un bon nettoyage et elle était à nouveau de service. Plusieurs élèves du club de photo Caniapiscau ont fait leurs premières armes avec cet appareil. Je l’ai prêtée à Marie-Claude Smith pour sa maîtrise en Arts multidisciplinaires. Après sa maîtrise, je la lui ai donné en échange d´une de ses œuvres, Vade Mea cum.

Un malencontreux accident a probablement signé son arrête de mort, à la XE-5. La caméra est tombée du sac dans lequel Marie-Claude la transportait.

Je dis «probablement » pour une raison bien simple. Le XE-5 est de retour à la maison. Selon mon amie Janine Paradis, ma super-mécano de Kodak, la XE-5 est réparable mais son héritage Leica pourrait faire monter la facture à $300.00. C’était à la fin du siècle dernier.

Un jour, peut-être…

Le délire motorisé / le MINOLTA SR-M.

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Été 1977. Rivard Marois possède un Minolta SR-M. Je le revois lors d´un passage à Québec, on parle photo, bien sûr, et je lui parle du XE-5, de son seul défaut. Il me fait une proposition que je ne peux refuser. Je lui envoie mon boîtier SR-3 plus quelques dollars et il me retourne le SR-M en échange. Affaire conclue !

Le SR-M est complètement noir (ce qui est réservé aux machines professionnelles à l’époque), avec une imposante poignée flanquée sur sa droite qui contient 8 piles AA (très lourd) et est complètement manuelle, sans posemètre aucun. Là aussi, ce fut une merveilleuse école… J’ai travaillé en diapo sans posemètre et avec une marge d’erreur minime. C’était mon défi de bien juger la lumière. La règle du f 16 a aidé, bien sûr, mais ça n’était pas toujours évident et ça n’était pas toujours à l’extérieur, pas toujours à la même heure…

La tendance à la motorisation n´est pas apparue seule. Les boîtiers compacts à multi-automatismes intégrés sont désormais la panacée. Deux boîtiers lourds et encombrants sont doublement lourds et encombrants…

La modernité a eu raison de la bête et je l’ai donné en échange à l´achat du XD11. Je ne me rappelle plus du montant que j’ai eu pour le SR-M. Ça m’a paru équitable à l’époque, et ça l’était sans doute. On en trouve occasionnellement sur ebay et généralement, on ne trouve rien en bas de 1500$ US s’ils sont complets et en ordre de marche. La nostalgie étant ce qu’elle est, j’aimerais bien retracer le SR-M.

Le coup de cœur / le MINOLTA XD11.

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 Été 1979. Sexy. Le Minolta XD11 est et restera toujours mon grand amour. Boîtier compact, racé, à l´ergonomie irréprochable, sensuel même…

 Il était disponible en 1978 en boîtier chrome. En 1979, il apparaît, tout de noir vêtu. J´en bave. Durant l´été 79, je descends en vacances, je suis à Québec, je vais chez un magasin d’appareil usagé où j´avais déjà fait quelques acquisitions comme un 21mm Soligor (perdu plus tard dans la poste…), un 28-90/2.8 Vivitar série 1 etc. . Il se trouve, qu’il a, miraculeusement, un Minolta XD11, « black body », usagé, à vendre, avec en plus, un 28mm/2.8 MD-Rokkor, et avec, en plus, un winder D dessous…Il demande $750.00. Le SR-M l´intéresse, marché conclu ! Tout, dans cet appareil, est génial. La prise en main, avec et sans moteur, le poids, l’équilibre, tout est à la bonne place, d´instinct.

Le double automatisme est un exemple de simplicité. La vitesse flash qui est aussi la vitesse mécanique est curieusement à 1/90sec. Développé conjointement avec Leica, l’obturateur est électronique mais est doté de cette précieuse vitesse mécanique. La pile tombe à plat? Le posemètre ne fonctionne plus mais si vous avez l’oeil, vous pouvez déclencher Ad Nauseam. C’est ce qui me manque le plus du XD11. L’ami fidèle qui ne vous laisse jamais tomber…

En 1980, le XD11 est victime d´un accident de la route. Le prisme est bosselé, la mollette de rembobinage est sévèrement touchée et l´oculaire est fracturé. Ça n´empêche pas la caméra de fonctionner. En fait, la caméra sera révisée, nettoyée dans le mois qui suit mais la réparation de la mollette et de l´oculaire ne se fera que 5 ans plus tard…

Même à l’époque du X-700, le XD11 était régulièrement utilisé. Avec un 28mm et sans moteur, il était le compagnon idéal pour les randonnées en raquette. C’était aussi celui qui me suivait sur la mine et c´est ce qui l´a mené à sa perte. Par une belle journée de 1995, je rentre à l’ouvrage avec mon sac photo XD11, et par esprit pratique, outre la caméra, on y retrouve un sous-marin et une canette de Coke… Au bout d´une heure et demie, j´ouvre le sac pour prendre le XD11. Il baigne dans le Coke depuis combien de temps ? Ça n´a pas vraiment d’importance, le mal est fait et c’est irrémédiable. Le XD11 le cascadeur spécialiste des tonneaux en voiture n´a pas survécu à ce débordement de glucose liquide. C’est pas vrai qu’à tous les jours, «avec Coke, y a d´la joie ! »

Des années plus tard, chez Rapide Caméra Service, Janine Paradis m’a fait un cadeau. Elle y avait un XD11 qui traînait dans l’arrière boutique. L’amorce pour le film était brisé, elle a fait une réparation de fortune et ça fonctionnait même si c’était parfois laborieux d’y insérer la pellicule. « Je te le prête à long terme. Si jamais j’en ai besoin un jour, je te ferai signe. » Un an ou deux plus tard, j’arrive à Québec. Comme c’est mon habitude, la première station d’arrêt est Rapide Caméra. À ma grande stupéfaction, il y a un cadenas sur la porte de la boutique. La secrétaire de l’atelier voisin me confie que c’est ainsi depuis le début de la semaine et qu’il n’y a plus de son, plus d’image… Je n’ai jamais su ce qui s’est passé. Où est Janine? Emportée dans sa légende de magicienne des Kodak… J’ai attendu 5 ans avant de commander, chez Service Caméra Pro, une transplantation d’amorce de mon boitier original à celui de Janine. J’ai aussi trouvé un 28mm 2.8 MD chez Presto et le pare-soleil dédié sur eBay. Me voici revenu en 1978 avec le XD11 et du Ilford HP5 derrière le rideau. Un voyage dans le temps. C’est comme retrouver la femme de sa vie après un long exil. Pas vieillie d’un trait, toujours aussi complice. Encore aujourd’hui, 37 ans après les vœux, je la sors à l’occasion, je l’épouse à nouveau.

La vocation détournée… / Le MINOLTA X 700.

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Août 1991. Il me vient à l’idée d´avoir un boîtier back-up. Idéalement un deuxième XD11, sinon un boîtier XG-1, ce qui me paraissait plus probable et accessible. Quelle ne fut pas ma surprise de trouver chez Henri Leclerc Caméra, un boîtier X-700. Marché conclu !

Durant la même fin de semaine, je me retrouve à Chicoutimi avec Marie-Claude Smith et on fait une visite chez Caméra Expert pour acheter du film. J´en suis ressorti avec un moteur MD-1. Rien de moins !

En l’espace de quelques jours, je me suis retrouvé, sans même prendre le temps de respirer, avec un boîtier X-700 avec moteur et le XD11 comme back-up…

Et pourtant… Ma première expérience avec un X-700 fut loin d’être heureuse ! A l´automne 1985, je visite Gagnon en pleine démolition. Les bulldozers sont en train de coucher le centre d´achat par terre, la piscine est devenue extérieure et puisque le XD11 est en réparation (le « 5 ans plus tard »…), j’ai emprunté son X-700 à mon amie Marcelle Chabot. Dans mon sac, j’ai un loader avec 100 pi de film EPD 404 (Ektachrome professionnel 200 iso), assez de cassettes pour vider le loader. Je me sens sur le point de prendre mon pieds comme jamais avec un sujet pareil. Au bout d´un film, le X-700 ne répond plus. Les piles sont mortes. Les deux boîtiers sont alimentés par des piles S-76. J’ai toujours des piles de rechange avec le XD11 mais elles sont installées sur la courroie dans un compartiment en plastique conçu à cet effet et, bien sûr, la courroie est avec le kodak à Québec. Le même gugusse en plastique est installé sur la courroie du X-700. J´ouvre, C´est vide…

Marcelle avait aussi cette très bonne habitude d´avoir des piles de rechange dans le gugusse en plastique mais avait dépanné un twitt de stagiaire peu de temps auparavant. Assez twitt pour ne pas les lui remettre plus tard. Et comme le tracteur est déjà passé sur le dépanneur…

Jamais, comme ce jour-là, je ne me suis ennuyé d´une vitesse mécanique. Je m’étais juré que jamais je ne posséderais un foutu X-700…

Reste que le X-700 est une machine plus que crédible. Elle était encore produite par Minolta, 18 ans après son apparition sur le marché. C´est un retour au lourd et encombrant mais dans une moindre mesure qu´avec le SR-M et à peine un peu plus qu´avec le XE-5 mais avec la motorisation en plus. Un look plus pro que le XD11, mais moins « glamour », trop « edge » pour le boitier.

Mais on se reprend avec la poignée, très anatomique. Le MD-1 a beaucoup fait pour le plaisir d’utilisation. Pour tout dire, l´ergonomie du X-700 est sans reproche.

Usé à la corde, vint le jour où l’obturateur s’est mis à « coller » au déclenchement. Le verdict, c’est comme un cancer stade 4…

La maturité / le NIKON F 801.

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Printemps 1996. Le Minolta X700 vient de mourir, peu de temps auparavant, j’ai échappé mon Sigma 21 / 35 par terre et il ne répond plus trop bien du diaphragme, Un investissement majeur est inévitable et le temps est venu de passer de focus manuel à l’autofocus, de la tradition à la modernité. J’envisage l´achat d´un Minolta Maxxum 600si, tout frais sorti sur le marché et dont on dit beaucoup de bien. L’utilisation de piles au lithium me rebute mais l’alimentation par piles AA est possible avec la poignée optionnelle (vertical grip). La philosophie de conception me plaît énormément mais le prix, un peu moins. De plus, j’en ai toujours voulu à Minolta de n’avoir pas privilégié la compatibilité avec les objectifs à monture MC ou MD. Je considère ce choix technique comme un affront aux photographes de la première heure qui ont supporté et promu, par leur fidélité indéfectible, la réputation de la marque. L’incompatibilité de la griffe de flash et la mauvaise réputation du service après vente chez Minolta ont fait pencher la balance vers Nikon, d’autant plus que l’alimentation par pile AA est de rigueur chez le prétendant.

Outre sa réputation bien établie chez les professionnels, je vouais pour Nikon beaucoup de respect en égard à la compatibilité entre AF et MF. Je ne savais pas à l’époque que la compatibilité flash pouvait être problématique mais ça restait un aspect marginal, ma décision était prise.

Les moyens sont restreints dans la mesure où je dois monter un système complet. J’opte pour le seconde main. Janine Paradis, chez Rapide Caméra Service, me recommande vivement le F801 ou le F90 à la condition que celui-ci ne soit pas hors de prix. Elle obtient le mandat de me trouver quelque chose d’intéressant. Ça a pris trois mois. La perle rare. Le 801 est comme neuf. Trouvé chez le genre médecin qui se paie le nec plus ultra mais ne fout rien avec… Je peux avoir le boîtier seulement pour $600. – mais comme j’ai besoin d’un objectif, je récupère un 35-70 Nikkor au passage pour un total de $750. -. La transition du manuel à l’autofocus se fera aisément. Faut dire que certaines machines de première génération (chez minolta, entre autre) n’avaient rien d’attirant à cet égard. Trop de fonctions commandées par deux boutons activés en même temps, rien d’instinctif. Le 801 est tout simple, tout est logique, d’accès facile.

Je ne sais pas encore, à ce moment, que le 801 fera époque dans la lignée Nikon. C’est désormais un appareil mythique. Bien sûr que le F90 ou le nouveau F100 sont plus performants mais il a tracé la voie, jeté la base pour les générations suivantes. La seule exception, le F70, fait figure de mouton noir. Pas une mauvaise machine mais l’approche ergonomique, la présentation plutôt ludique en fait la Edsel des Nikon… Reste que le 801 est un véritable char d’assault. Le 4X4 des Kodak… Je le traîne partout dans les pires conditions. Il me vient à l’esprit ces nombreuses randonnées en motoneige par moins 25, moins 30, sur terrain souvent accidenté. Des séances de photos de nuit, par moins 35, monté sur trépieds, exposé au vent. Faut le faire, traîner une caméra de plus de 10 ans d’âge et travailler en mode continu rapide par moins 44 avec facteur vent… Les seuls problèmes rencontrés étaient liés à l’état des piles changées à mi-parcours mais l’écran LCD n’a jamais failli, jamais, ni l’autofocus, ni l’exposition. Si ça se trouve, il n’a pas répondu à quelques pressions sur le déclencheur. Si peu…

Commentaire de Janine Paradis : T’en as un bon, gardes-le… J’ai l’habitude de suivre les conseils de Janine…

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Le détournement majeur / le MAMIYA M645.

Été 1997. Cette année-là, j’expose au Musée de Sept-Îles. Première exposition d’importance hors de Fermont. Je me suis mis à rêver de 16X20… et surtout d’épreuves de qualité Fine Art… Comme le sujet avait demandé de travailler en HP5 poussé à 3,200 ISO, en 11X14, c’était limite. Le moyen format me trottait dans la tête depuis quelques temps déjà mais là, le besoin était justifié et un ixième retard du projet de restauration de ma Mini Cooper’S 69 fut le prétexte pour faire le saut… Janine avait justement un Mamiya 645 sur ses tablettes…

Les événements se sont précipités. Chez Rapide Caméra, j’achète le Mamiya avec viseur waist level,  objectif 75mm, bagues macro, inserts 120 et 220, poignée et aussi viseur prisme avec posemètre intégré. À cela s’ajoute un agrandisseur couleur Chromega C760XL avec objectif 50mm, porte-négatifs 35mm et diapo. À cela s’ajoute un porte négatif 120 et objectif 75mm pour répondre aux besoins du nouveau format. Pour le Mamiya, je trouve un 150mm ailleurs à Québec et chez Simon’s, un grand angle 45mm. Les $4,000 prévus pour le char anglais sont détournés vers la photo.

Les choses ne vont pas toujours comme prévu. Tout ce qui était relié au 645 fut mis en veilleuse pendant plusieurs années. Je n’ai pas beaucoup exploité cet appareil. Des problèmes de statique avec les inserts 220 n’ont pas aidé non plus. Reste que l’expérience ne fut pas que négative, au contraire, et certaines sorties furent plus que gratifiantes. Ça fait son chemin au-dedans de moi et ça n’est pas terminé.

Ce que j’en retiens à date, c’est une approche plus zen de la photographie. On utilise un trépied comme si ça allait de soi, on prend son temps pour cadrer, on ferme, on travaille la profondeur de champs, on relève le miroir, et Ansel Adams devient notre saint patron…

Parallèlement à l’image, il y a l’objet. La texture, le poids, les sons, l’expérience est sensuelle. On sent surtout que la photographie est un processus. C’est une démarche, une attitude, un rituel, et l’appareil est un peu l’encensoir de cette messe à la beauté des choses…

Franquelin, mai 2016. Le film 120 est loin d’être mort même si la pellicule servait déjà dans les Kodak Brownie de 1901. Pour l’heure, quand je vais à Fermont, la chambre noire y est toujours et au moins durant l’été, le 645 est en service.

Je suis en réaménagement de sous-sol et je pourrai me remettre à traiter le film argentique plus régulièrement sous peu. Il y a de fortes chances que le 645 soit privilégié pour la « messe à la beauté des choses »… Je ne ferai pas de print à Franquelin. La fausse sceptique interdit la chimie argentique (les chimies film seront récupérées et éliminées dans les normes). Le scanner (Microtek 120tf) et l’imprimante Epson grand format feront la job d’impression.

Parlant de Kodak Brownie, j’en ai reçu un en cadeau de mon bon ami Donald Poirier. Parlant de Fermont, j’y suis allé récemment et j’en ai profité pour exposer du 120. Je n’ai pas eu le temps de faire des prints. Trop de monde à voir, le but du voyage était d’ordre juridique et le skidoo de printemps était au menu. Tout de même. Les négatifs sont prometteurs. J’ai aussi transféré de la pelicule 120 sur des bobines 620 et je me propose de mettre à profit un Brownie Bull’s Eye qui, lui, date de 1954. Comme avec son prédécesseur, il fait du 6x9cm. Je vous reviens là-dessus…

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Exotisme / le MINOX GL 35

Été 1998. Le Minox est un cas à part. J’ai longtemps cherché un substitut au Canon GIII. La machine compacte qui nous suit partout. Un beau jour, Janine Paradis m’a proposé un Minox avec le flash, les étuis et tout. Je connaissais de réputation, c’est de la même veine que les Rollei compacts. C’est un bel objet, High class et la lentille est un bijou. Je fus séduit. Il y a cependant un prix à payer. D’une part, la miniaturisation ne fait pas bon ménage avec l’ergonomie. La sélection de l’ouverture n’est pas toujours aisée et le rembobinage est une épreuve de force. D’autre part, l’absence de télémètre couplé. J’ai boudé l’appareil un certain temps pour ces raisons mais mon instinct m’a évité de m’en départir. J’ai laissé mûrir la chose. Il y a eu un déclic. La relation torride et passionnelle basée sur le désir a cédé la place à une relation torride et passionnelle basée sur la connaissance, le respect et la pérennité… On apprend à vivre avec ; l’hyperfocale devient notre maître à penser et à vrai dire, on a tendance à intervenir au minimum sur les réglages. Le seul véritable défaut que je lui trouve est sa sensibilité au froid. Le mécanisme d’armement devient moins précis, plus dur et l’obturateur gèle parfois… On pourrait ajouter que la vitesse maximum (1/500e de sec.) combinée avec l’ouverture minimum (f 16) est un peu « limite » à l’extérieur, l’hiver quand on utilise un 400 iso. Il arrive souvent qu’on dépasse la limite et que l’on rate l’image par surexposition. Oui, je sais. Je pourrais faire du 100 ISO et gagner en qualité image. Je sais…

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Les flashs ; le mal nécessaire et l’ambiguïté…

Il y a une relation amour et haine entre les flashs et moi. L’utilisation du flash se fait toujours en dernier recours. L’achat d’un flash est pour moi une nécessité sans plaisir. Mon premier flash demeure un mystère. J’ai un vague souvenir d’un flash Braun, mais aussi d’un Mecablitz… Je me souviens d’avoir utilisé un flash emprunté avec mon Minolta SR-3 à l’occasion d’un party en 1975. C’était un party d’halloween et je me rappelle que le flash ne couvrait pas le 28mm mais qu’en contrepartie, l’effet qui en avait résulté avait très bien servi le sujet. Je travaillais avec du film diapo (fujichrome 100 ISO) et le sujet était mis en évidence avec le tour très sombre. L’effet 3D avant l’heure…

Au moment d’acheter mon Minolta XE-5, j’ai acheté un Soligor Mk10 avec la capacité de bounce vertical et horizontal etc. Il m’a procuré, je l’avoue, un certain plaisir de consommation. Je l’ai revendu à des amis au moment d’acheter mon Vivitar 283 avec tous les accessoires imaginables. C’était un « deal » que j’ai eu avec une connaissance. C’était en 1979. Le Vivitar m’a bien servi pendant plusieurs années mais à partir du moment ou j’ai commencé à utiliser un 20mm, le flash présentait plus d’inconvénient que le manque de lumière. Comme je ne tripais pas flash d’avance, j’ai pris encore plus de distance.

En juillet 1992, on m’a offert un flash Soligor Mk32 usagé pour presque rien. Le Vivitar s’est retrouvé au chômage. Le Soligor présentait plusieurs avantages comparativement au Vivitar. La possibilité de faire du bounce latéral, l’auto shut-off, une plus grande plage d’ouvertures en automatique, un remote sensor pour la photo rapprochée, etc. Je l’utilise toujours, mais très occasionnellement, avec le Mamiya M645.

Lorsque je quitte le camp Minolta pour Nikon, la compatibilité flash est problématique et la mesure TTL est désormais la norme. J’ai un contrat de photo à faire, j’emprunte le Flash SB-28 d’un ami et je réalise à quel point un flash adéquat peut simplifier la vie. Avec un autre contrat photo qui approche, je commande un SB-28 avec le cordon SC-17. $658.00 (en $ 1999). Rien de moins.

Je reçois le flash le vendredi même où je descends à Montréal pour un court séjour. J’arrive chez une bonne amie à moi le lundi soir, elle me parle de l’argent que son ex me doit et que je ne reverrai sans doute jamais. Elle me propose de me compenser autrement. Elle va dans une autre pièce et en revient avec un flash Nikon SB-15 dans les mains…

En 1999, une époque où j’avais ouvertement le flash en horreur, j’avais chez moi un flash Yashica ES-14, un Olympus T-20, un Vivitar 283, un Soligor Mk32, un Minox FC35, un Nikon SB-15 et un Nikon SB-28 assortis d’un câble SC-17 et d’un slave SU-4. Amen…

Ça n’est pas terminé mais pour des raisons d’ordre chronologique, la suite viendra plus tard…

La crème ; le Nikon F100.

Août 2001. Le F801 commence à se sentir vieux. C’est une machine mythique, on peut l’apprécier à sa juste valeur mais on se lasse, à la longue d’être en retard technologique. De plus, à 12 ans d’âge, et dans des condition souvent difficiles, l’engin a déjà donné. Il servira encore mais en back-up. Il est temps de passer à un niveau supérieur. La confrontation mettait en présence le F90x, le F100 et, dans une certaine mesure, le F80. J’ai cherché longtemps une occasion pour un F90x. Reste que le F90x est en fin de carrière, la technologie commence à dater et je n’ai pas le goût, si je dois investir dans les trois chiffres, de me retrouver avec un engin dépassé. Malgré la technologie récente et un prix relativement abordable, le F80 me paraît trop « léger ». Rien ne le prouve mais il est trop proche du F65 pour m’inspirer la confiance à laquelle m’ont habitué les générations précédentes. Les prémisses qui ont guidé sa conception sont, de toute évidence, très éloignées de celles qui nous ont donné les F801 et F90.

Mis à part le Minolta XE-5, je n’ai jamais acheté d’appareil neuf. C’est le moment ou jamais. Il s’agit d’un achat à long terme, c’est mon dernier argentique, que j’espère utiliser encore dans 10 ans. Après 25 ans de photographie, j’ai certaines exigences. Les conditions de prise de vue sont souvent difficiles et l’appareil ne dort pas dans un placard, loin de là. Si le F80 ne réponds pas à mes attentes, le F100 est incontournable. Il fait tout de même 3 fois le prix du F80… Je trouve indécent que Nikon n’ait rien offert entre ces deux boîtiers. Le F90x, à $1,200 est peut-être dans les prix mais pas dans la valeur technique. Solide, oui, complet, oui mais dépassé au niveau performance et sur le point d’être retiré du marché. (effectif en date de janvier 2002)

Début des vacances, je me retrouve chez Studio Gosselin à jaser avec mon ami Martin Vaillancourt que j’ai connu alors qu’il travaillait chez Caméra Expert de Sept-Iles. On parle bien sûr du F100 et je me retrouve avec la « chose » dans les mains. On passe un bon 2 heures là-dessus. Financièrement, je n’ai pas, sur le moment, les ressources nécessaires. Je sais cependant que le besoin d’un nouvel appareil se fait pressant. Et, non, je n’ai pas d’argent à perdre sur quelque chose qui ne réponds pas à mes attentes ni à mes besoins. Bien sûr que les performances y sont mais, mis à part l’option de verre de visée quadrillée, le seul attrait du F80 est son prix. Je suis sûr de regretter la légèreté. Je quitte en disant que j’avais besoin de réfléchir. À ce moment précis, j’aperçois la pub annonçant 6 mois sans paiement ni intérêt. Je sais très bien à quoi réfléchir…

Le lendemain, mon idée est faite. J’ai calculé que 6 mois m’amène confortablement à la prochaine paie de vacances… que je serais fou de ne pas en profiter d’autant plus que pour la compétition de Toronto*, « ça prend absolument un F100 » (beau prétexte à faire le saut). Petite complication avec HFC pour ce qui est du slip de paie mais on finit par s’entendre. Au début, je cache la chose à mon père mais je fini par lui présenter ma nouvelle fiancée avec des arguments convaincants… Pourquoi cette attitude ? C’est que, même pour moi, investir 2 277$ sur un appareil photo est quelque chose d’énorme. J’aurais été à l’aise avec la moitié de la somme. L’achat de cet appareil s’est fait dans un état d’esprit assez houleux. Toutes sortes de considérations, financières, morales, techniques, philosophiques se sont entremêlées. C’est aussi l’aboutissement d’une démarche qui a duré plus de 6 mois. J’ai longtemps cherché un F90x impeccable à prix raisonnable. Le F100 étant aussi dispendieux, les F90x sont restés très en demande et par le fait même, la cote est restée très haute. Du fait, Nikon ne se gêne pas pour demander le prix fort sous couvert d’offrir une version « abordable » du F5 qui, lui, est hors de prix. Ce qui fait mal, c’est ce mur entre le F80 et le F100. On a l’impression d’être les otages de nos exigences en qualité.

Qu’en est-il de ce fameux F100 ? Accouplé avec un objectif 80-200/2.8 AFS, c’est le plus beau voyage de noces que j’ai vécu avec une nouvelle acquisition du genre. D’entrée de jeu, l’engin est impressionnant mais j’ai vite constaté que le mariage heureux est conditionnel à des objectifs du même ordre. J’ai du faire remettre à jour l’électronique de mes objectifs. Autant le Tamron 20-40 que le Sigma 70-300 ont souffert de problèmes de mise au point consécutifs à une incompatibilité électronique. Les deux fabricants se sont empressés à corriger la situation sans aucun frais.

L’ensemble est relativement lourd, comme le F801, mais la solidité est au rendez-vous. De plus, l’appareil est vraiment étanche. J’ai du désapprendre le F801 mais l’ergonomie est saine. Je n’aurai pas trop de mal à m’habituer à ce nouvel environnement. Ce que j’en retiens le plus, c’est l’écart entre le F801 et le F100 pour ce qui est de la rapidité de la mise au point. Dans le viseur, les capteurs multiples sont désormais accompagnés de la grille du verre de visée de type E. Je n’envie plus rien au F80… C’est un peu comme la télé Satellite, on a l’impression d’avoir trop d’options mais j’ai dix ans pour les explorer… Autre aspect intéressant, je peux désormais utiliser tout le potentiel du flash SB-28, ce qui n’était pas le cas avec le F801.

Ce que j’en retiens surtout, c’est qu’il s’agit d’une machine de haut niveau. C’est un F5 démocratisé. Le F100 est plus près du F5 que ce que le F801 et le F90x le furent du F4. Pour la moitié du prix, le F100 est, en réalité, une version allégée et compacte du F5. Si le F5 vaut une Porsche Turbo, je roule en Boxster. Les autres Nikon actuels sont des Volks, sauf le FM3 qui fait plutôt dans le Audi TT.

Je réalise que la relation avec l’appareil évolue. Autant le XD11 a été un coup de cœur, autant le F100 est issu d’une démarche analytique et rationnelle. Je ne dis pas que le F100 n’est pas désirable mais c’est une démarche plus consciente, plus terre à terre. Quand on est jeune et fou, c’est la passion, l’amour total, avec l’âge, en plus de la passion, on a des attentes…

*À l’époque, mon filleul compétitionnait en patinage artistique au niveau sénior canadien (couple).

Un retour aux sources ? l’Olympus XA.

Printemps 2003. Le Minox m’a quelque peu laissé sur ma faim. L’objet de luxe un tantinet capricieux ne réponds pas à certaines de mes attentes. Je recherche quelque chose de moins noble, plus pompier, moins extrême et plus facile à vivre, avec une meilleure ergonomie. J’ai nommé l’Olympus XA. J’ai longtemps cherché sur eBay. Mon instinct me disait d’attendre. Je ne voulais pas m’engager dans des dépenses déraisonnables. Finalement, l’occasion s’est présentée. Mon ami Donald Poirier collectionne les caméras. C’est connu de tous à Fermont. Très souvent, des gens vont lui donner des caméras pour sa collection et il lui arrive souvent de tomber sur de bonnes affaires… Par une belle journée de février 2003, il m ‘est arrivé avec la chose. La première approche visait un échange avec le Minox. Ayant payé le Minox $250, et lui ayant eu le XA pour trois fois rien, je n’étais pas vraiment intéressé. J’ai repris mes recherches sur eBay. Il y avait des choses intéressantes mais j’ai décidé de négocier quelque chose avec Donald. Il était clair que le XA m’intéressait mais que je ne voulais pas me départir du Minox. Il m’a tout de suite fait une offre. Il avait tout de même investi quelques sous dans le XA, une quarantaine de dollars, et me cède la caméra en échange d’une trouvaille éventuelle pour sa collection d’ici l’automne prochain. Affaire conclue. La vitesse est toujours à 1/500e mais l’ouverture va chercher f 22. Le télémètre couplé permet plus de précision à courte distance mais il n’y a pas d’échelle de profondeur de champs. Ça n’empêche pas de travailler en hyperfocale mais c’est moins évident qu’avec le Minox. On ne peut pas tout avoir… La portée du flash est plus grande. Le A11 permet d’aller jusqu’à 18 pieds (le A16 porte à 25…) Il fonctionnait bien au début mais a très vite rendu l’âme. J’en cherche un sur eBay… Le XA, c’est mon nouveau bébé, le p’tit dernier, le chouchou…

Retour aux sources en ce sens que je le traine partout avec moi. Retour au noir et blanc, retour à ce que c’était avec le Canon GIII. Il a l’avantage d’une focale légèrement plus courte, 35 au lieu de 40, mais il est un peut moins lumineux avec une ouverture maxi de 2.8 au lieu de 1.7 pour le GIII. Ça reste très acceptable lorsque l’on considère les compacts modernes qui ouvrent à 8… Avec un 400 iso, on peut facilement travailler sans flash à l’intérieur d’un endroit public. Retour à une chose essentielle, capter la vie.

Un imprévu sème la nostalgie… : Olympus OM-10

Été 2003. J’ai prêté un flash Olympus T-20 à un couple membre du club photo. Ils ont des enfants en bas âge, un Olympus OM-10 et un flash Vivitar 2800. Combinaison mortelle lorsque le flash est monté sur la caméra qui est sur la table de la cuisine avec la courroie pendante dans le vide, à portée de main d’une « chose » âgée de deux ans… Le pied du flash n’a pas survécu à la chute. Pour les dépanner en attendant de trouver une solution, il y avait le T-20. Première nouvelle que j’en ai, autre accident, le T-20 a subi le même sort… Sur le coup, je me dis que c’est la vie, que ce n’est pas la fin du monde, qu’un T-20 usagé, ça ne vaut que… combien au juste ? Janine Paradis me fait tomber de sur ma chaise lorsqu’elle m’apprend qu’un T-20 usagé, elle vend ça $100.-. « Oublies-pas, c’est TTL ! ». Ouch ! Ils ne sont pas riches, et entre-temps, se sont acheté un Nikon F65. Ils ne sont pas à l’aise non plus avec l’incident. Je fais un arrangement à l’amiable, je leur propose de prendre l’Olympus, visiblement en piètre état, en échange. L’affaire est conclue, je fais nettoyer l’OM-10 qui en avait vraiment besoin, avec tous les contacts oxydés. Janine m’a fait l’ouvrage pour un très raisonnable $125.-. Quand j’adonne les autres, ça me coûte toujours de l’argent. Le problème, ce ne sont pas les autres, c’est moi… Tout de même, je suis très heureux d’avoir l’appareil. J’ai pu dépanner quelques personnes avec l’OM-10 et je m’en suis servi personnellement en quelques occasions. J’ai redécouvert le plaisir d’un réflexe « vintage ». C’est un peu l’esprit, le feeling du X700. Il m’est arrivé de jeter un coup d’œil au F100 / 20-40mm et l’OM-10 / 50mm côte à côte… J’ai réalisé à quel point le F100 est imposant. Je me suis surpris à rêver de mon XD11. Nostalgie… Ma nièce Alexandra étudie en arts graphiques et avait besoin d’un appareil photo pour ses études. Elle en a hérité avec bonheur.

Canon S60

Le premier numérique, finalement… : Canon S60

Août 2004. J’ai résisté longtemps. Ce fut un calvaire de quelques années. J’avoue que la tentation était de tous les instants mais l’argumentation derrière la résistance était solide. Pour l’heure, le tout numérique n’est pas pertinent. Cependant, le S60 a pris le plancher de façon fulgurante et le XA s’est retrouvé au chômage le jour même.

La photographie snapshot et le numérique forment une combinaison gagnante. La photo souvenir en vacances également. Le côté pratique est indéniable dans la mesure où l’on s’équipe d’un portable. Ce que j’ai fait. Un appareil numérique n’est pas un outil autonome. L’argentique non plus, tant qu’à y être, mais la mise de fond initiale nécessaire au numérique me laisse perplexe. Tout bien calculé, l’achat d’un numérique s’est avéré une opération de plus de $3,000.- et je me suis limité à un appareil compact de 5 Mp… Tout de même, la chose me plait, je la trouve pertinente et la lune de miel perdure. Rien n’est parfait, le couvercle de lentille-commutateur est en défaut. Il ne se referme plus complètement. Je ne me décide pas à l’envoyer pour réparer, j’en ai besoin… J’arrive tant bien que mal à m’accommoder de la latence du déclenchement.

Canon 30D

Double saut périlleux arrière : Canon 30D

Août 2006. C’est ainsi que j’ai titré un article du TDN relatant ma décision d’aller au réflex numérique. Il est de ces choses qu’on ne peut éviter. Je me suis laissé apprivoiser par le Canon S60. Il était entendu que tôt ou tard, je ferais l’acquisition d’un boîtier numérique Nikon. J’ai cru que la chose était mûre à la sortie du Nikon D200. Mon idée était faite et j’ai pris la route des vacances 2006 avec la ferme intention d’en faire l’acquisition chez Lozeau. Studio Gosselin ne vend plus Nikon depuis 1 an au moins mais je m’y suis arrêté pour saluer mon ami Martin Vaillancourt qui m’avait vendu le F100. On parle du D200 et la comparaison se fait avec le Canon 30D. Sans forcer les choses, il me conseille de vérifier l’aspect bruit numérique généré par le D200 vs le 30D dans les conditions de prise de vue particulières à ma pratique, à savoir, les aurores boréales et la faible lumière en général. Chez mon frère Claude, je fais le tour de différents sites Internet qui font la comparaison et du coup, je n’en dors plus. Une fois rendu à Montréal, mon cousin Normand plante le dernier clou dans le cercueil Nikon. Il a dans son comptoir de chez FutureShop un 30D qui ne demande qu’à joindre le rang. L’aspect financier sera l’argument qui scellera l’issue du combat intérieur qui me mine depuis une semaine.

Tout nouveau tout beau. Je vais jusqu’à gagner 2mm avec le 10-22 Canon qui me donne l’équivalent d’un 16mm. Le Nikkor 12-24, à une fois et demie le prix m’aurait donné l’équivalent de 18mm. Le 30D inspire le respect. C’est une machine plus que crédible. Le voyage de noce ne se fait pas sans rappel à certaines réalités. Les poussières sur le capteur dès Métis, entre autres. Le rendement de l’appareil est à la hauteur des attentes. Au retour de vacances, Joanne Levesque, de la CMQC, me propose un contrat de photo avec la cie où le numérique est la clef du succès. Très belle expérience avec une séance de prise de vue aérienne en hélicoptère à la clef. Beau trip avec l’équipe de tournage de LCN/TVA/CFER. Récidive à Port-Cartier en novembre. Dans les deux cas, le capteur CMOS fut un plus.

Cependant, un aspect très important s’est manifesté ; l’ergonomie. Mes années de pratique avec un Nikon m’ont formé à une certaine approche du boîtier. Le F100 était devenu le prolongement de ma main droite… Le D200 n’est rien de moins qu’un F100 numérisé. L’osmose aurait été parfaite à ce niveau. La transition entre Nikon et Canon n’aura pas été aisée. Le commutateur de mise en marche, située à l’arrière est détestable. Impossible de vérifier le mode d’exposition utilisé dans le viseur ou le panneau LCD en condition de nuit. La mollette arrière peut s’activer par inadvertance et fausser les paramètres d’exposition si on n’est pas attentif… Je me suis buté à bien des détails du genre. Je ne suis pas malheureux avec Canon. C’est juste que l’expérience Canon a mis du temps à faire oublier celle de Nikon. Aujourd’hui, ce choix est pleinement assumé La liste des menus est d’ailleurs beaucoup plus conviviale que celle de Nikon. Peu importe la famille d’origine, on gagne ici et on perd là. Changer 4 trente sous pour une piastre…

La démarche photographique est métamorphosée par le numérique. L’édition est désormais indissociable du processus. Du temps de l’argentique, bien des photographes étaient des « shooters » qui laissaient à d’autres le traitement de l’image. Une telle approche est encore possible en numérique mais beaucoup moins courante.

L’âge de raison : Canon 5D MkII

2009. Le numérique évolue vite et cela devient vite une course au progrès. Et cette course a vite engendré un nouveau vocabulaire. Étrangement, un mot revient souvent. Obsolète. Tout devient obsolète à plus ou moins court terme.  À peine un mois après l’achat du 30D, Canon sortait le Rebel XSi grand public, doté de l’anti-poussière que je n’avais pas avec mon 30D expert… Frustration. Pas un caprice, quand on sait cette plaie que constitue une poussière que l’on découvre après avoir engrangé 320 images contaminées sur sa carte mémoire… 18 mois. C’est généralement le temps qui séparait deux générations d’appareils à cette époque. Je m’étais tout de même raisonné et laissé passer le 40D dans l’espoir d’avoir une réelle progression avec un éventuel 50D. L’anti-poussière, bien sûr, un net progrès pour la qualité image et surtout, une amélioration du côté de l’ergonomie que je trouvais toujours inférieure au Nikon. C’est ce que j’attendais du 50D.

On annonce le 50D avec une résolution de 15Mp et l’ergonomie n’a pas évolué d’un poil. Je songe sérieusement à retourner chez Nikon car le D300 est désormais à la fine pointe. Cependant, le coût financier d’un tel revirement est ridiculement élevé. En 30 mois, j’aurai perdu $4,000 en redonnant mon matériel Canon. C’est la folie. Une discussion sérieuse avec Martin Vaillancourt sur les avenues possibles me mène vers le Canon 5D. Si je dois y mettre de l’argent, si mon objectif est d’y trouver un progrès significatif en performance et qualité image, le 5D est la solution logique. Cette fois, plus que jamais, l’achat de matériel photo est une opération dominée par la réflexion, le calcul, le rationnel et nous sommes très loin de l’enthousiasme ou la passion. Avant, ça coutait cher aux 10 ans et j’avais du plaisir. Maintenant, ça coûte cher aux 3 ans et j’ai des préoccupations…

Rien n’empêche. Le 5D me donne plus de satisfaction que le 30D même si la manœuvre coûte deux fois le prix. Je reste avec cette foutue commande à l’arrière que je détesterai jusqu’à la fin de mes jours mais, bon, faut faire avec. La pile de rechange coûte 189.99 plus taxe… le reste est à l’avenant. Cependant, travailler en faible lumière est une jouissance malgré la faiblesse de l’autofocus. Les objectifs L sont lourds et encombrant. La qualité ne se paie pas qu’en argent…

Après plusieurs mois d’attente, je réussi à obtenir un verre de visée quadrillé comme celui du Nikon F100. La 70 macro et le 70-300 sont pertinents mais le 17-85 et le 10-22 restent au fond du tiroir avec le 30D à capteur APS-C. Je découvre les joies de la haute résolution. Une image de Simple Plan est révélatrice. Prise avec le 24-105, on voit le soliste à gauche sur la scène et la foule est visible et identifiable jusqu’au fond de l’aréna. Identifiable, je dis…

L’engin est lourd et encombrant. Plus que le F100 avec le Tamron 20-40. Pas de beaucoup, je l’admets, mais je n’ai plus 20 ans. Vive le trépied quand je fais des aurores mais généralement, j’ai le goût d’être plus discret… Je suis moins matériel qu’avant. Je préfère le geste, la photographie impulsive face au sujet qui s’impose spontanément. Le compact répond à cette commande. Le 5D ne sort donc plus souvent… C’est devenu une espèce d’appareil commando pour les missions spéciales. Mais lorsque mission spéciale il y a, le 5D est superbe et apprécié.

Bonheur et plaisir coupable : Canon S90

2010. Moi qui ai tant décrié les compacts, je ne jure que par mon S90. Le S60 est venu à terme, fallait s’y attendre et marquait le pas depuis longtemps déjà. La qualité image du S90 est un immense pas en avant. Et je redécouvre le plaisir de déclencher sans trop me morfondre avec la qualité du rendu. Je peux faire de la photographie à main levée, sur le tas, spontanément, discrètement et conjuguer tout ça avec sérénité. Bien sûr, il a ses défauts. Si on le compare à un reflex, il est peu réactif, il ne peut rivaliser au chapitre de la latitude et le bruit numérique est inévitable mais tout cela reste acceptable à 400 ISO, utilisable à 800 et même parfois à 1600 ISO. Et là, on a touché à un mot clef. Acceptable. Me suis-je assoupli ou la technologie a-t-elle à ce point gagné ? Un peu des deux, j’imagine. Je suis moins pointilleux et m’obstiner aveuglément dans mes dogmes ne me rendrait pas service, honnêtement. Je suis de plus en plus adepte de la pensée magique qui veut que le meilleur appareil au monde soit celui que vous avez entre les mains…

Je me suis permis de le modifier. Les compacts sont proches parents des savonnettes, c’est connu. J’ai investi une cinquantaine de dollars sur un « grip » fabriqué par Lensmate. La pièce, très sobre, se greffe sur l’avant droit du boitier et s’intègre parfaitement. Pour la tenue en main, c’est le jour et la nuit. Toute bonne chose a une fin et je sens le S90 vieillissant. Le numérique comporte un élément majeur ; l’éphémère. Révolue, l’époque où un boitier pouvait durer éternellement. On doit conjuguer avec ce mot cité plus tôt. Obsolète. Si le S60 a trépassé dans tous les sens du terme, le S90 est toujours physiquement intègre. Le Minox fonctionne toujours, l’Olympus XA de même. Le S90 n’aura sans doute pas la durée de vie des argentiques mais il a tout de même la couenne dure et son histoire est chargée d’incident à faire frémir les plus endurcis. Il a déjà 5 ans lorsque je l’échappe par terre, en mode ouvert, et tombe fatalement sur l’objectif exposé et vulnérable. C’est l’horreur ! Le cylindre s’est coincé en oblique. Je me suis dit : Ça y est !

Dans mon esprit, il est fichu alors je n’ai rien à perdre. Je lui fais la passe du Chiro et lui tord le cou. Difficile de traduire par écrit la réaction sonore de l’engin. Je m’essaie tout de même : Clac ! / zzzzzziiiiiiiiiii / Biloume ! Ceux de mon âge se souvienne sans doute de cette publicité des montres Timex « Et elle marche toujours ! » Alors, je soupçonne Canon d’avoir Timex parmi ses sous-traitant. 2 ans plus tard, je porte ce même S90 à la ceinture, dans son étui approximativement fermé (bien retenir approximativement).

Fausse manœuvre en canot sur le lac Nord-Ouest, près de chez moi. Je renverse et je me retrouve à la flotte. Heureusement, je n’étais pas en eau profonde. Remis d’aplomb, je sors le S90 de l’eau en catastrophe. L’écran arrière a blanchi. Je me suis dit : Ça y est !

Sans trop y croire, j’ai retiré la pile et la carte mémoire, asséché la chose et j’ai attendu quelques heures. En soirée, je remets tout en place et actionne le démarreur. Biloume ! St-Timex veillait encore ! 4 ans passent. Le 11 août on s’amuse, c’est bien connu. Moi, je bricole et le S90 est mis à contribution pour fin d’archivage des travaux sur la propriété. L’heure avance, je dois aller à la poste. Vite ! Avant que ça ferme ! À mon réveil, le 12 au matin, je constate qu’il a plu durant la nuit. Les constats de catastrophe déferlent. L’Amoure de ma vie a oublié des serviettes de plage sur la corde à linge et moi, le S90 sur le caisson de la génératrice. L’étui est détrempé, le Canon ruisselle… Notre réserve de riz Basmati fut détournée de sa vocation première. Au bout de quelques heures, la bête a repris du service. St-Timex, priez pour nous !

Au moment d’écrire ces lignes, il a douze ans. La qualité image était impressionnante à sa naissance mais il a vieilli. Avant, on jetait ce qui ne fonctionnait plus. Aujourd’hui, on jette ce qui est dépassé… Vous me connaissez, je ne jette pas. Bien sûr, il a perdu son job de compact principal. Il est désormais le dépanneur mais il se défend tout de même assez bien. Il reste supérieur aux smartphones. Un comparatif avec un iPhone 12 sur le site de Jim Gray atteste la chose. Il traine toujours au fonds de ma saccoche, sous le portefeuille. Le Canon G7X qui le remplace est juste un peu trop encombrant pour me suivre tout le temps…

Mise à jour de l’équipement

2013 J’ai fait une mise à jour dans l’équipement. Le 30D étant devenu boitier de dépannage, j’ai vendu le 17-85mm. Le 17-40 peut très bien faire le job avec le 30D. Le trépied Manfrotto 190 et la rotule grip 322 ont suivi chez une amie qui s’était équipée d’un boitier Canon 40D. J’ai aussi vendu le Sigma 70mm macro à une autre amie qui regardait sérieusement pour la macro. Ça m’a permis de compléter la transition vers le 5D. En APS-C, le 70mm se voulait à double vocation. Macro et portrait, étant proche d’un équivalent de 105. L’objectif est atteint avec le Sigma 105 macro et j’ai l’avantage de la stabilisation. Cela reste tout de même un investissement appréciable pour un objectif qui sert relativement peu. Pour le trépied, le besoin s’était fait sentir pour quelque chose de moins lourd et encombrant. C’est une expression qui revient souvent depuis le 5D. Je me suis alourdi avec le boitier et les optiques de série L f/4.0 fixe, le 105 comparé au 70, je me suis allégé avec le Promaster carbone. Plus compact, plus léger, forcément, la nouvelle rotule (Manfrotto 496 RC2) est compacte et finalement plus agréable à manipuler que le grip 322. Le RC2, c’est le plateau à dégagement rapide. Quasi universel chez Manfrotto. J’en avais déjà une collection répartie sur mes nombreux boitiers et tout ça est compatible avec les monopods…

Il fut un temps où j’ai remis en question l’équipement de commando. Je m’imaginais repartir à zéro. Le Promaster aurait été sur la liste mais la tentation était grande de me lancer dans une démarche axée sur le télémètre couplé. Un équivalent 24mm, 35, 90 macro… Focales fixes, lumineuses, et la sainte paix. Jouer à Cartier Bresson, genre…

Nouvelle réalité, le G7X

2015. Le dernier venu est compact, bien sûr, mais moins extrême que prévu. Néanmoins, il est doté d’un capteur 1 pouce et me surprend à chaque séance… La qualité d’image est au-delà de ce à quoi je m’attendais d’un compact. Néanmoins, le capteur 1 pouce n’est pas un APS-C et montre ses limites. Tout de même. L’objectif est plus gros que sur le S90 et le rideau de protection, plus large et plus fragile, n’aura pas fait un an. La mise au point rapprochée, comme pour la plupart des compacts, est indécise, la roulette de mise au point manuelle atrocement capricieuse, j’ai accumulé autant de frustrations que de satisfactions avec cet engin. D’un autre côté, je suis bien conscient de n’avoir pas exploité l’écran tactile comme il se devrait. La focale 24-100 n’est pas sans défaut mais l’ouverture à f1.8 est un cadeau. Il m’est arrivé de prendre le G7X plutôt que le 5D parce que la luminosité n’était pas au rendez-vous… J’ai récidivé pour le grip Lensmate mais une ergonomie améliorée n’est pas une protection contre la négligence. Le G7X est mort un après-midi de 2016 sur la plage à Pointe-Mistassini. Il n’aime pas l’eau de mer ni les atterrissages forcés. Ça aurait pu être un drame. C’en est un, en fait, mais mon expérience de la chose ressemble à certains mets chinois ; « sweet and sour ». Elle repose sur une tablette, et je m’interroge. Le S90 est toujours bien vivant. Un voyage à New York est un beau prétexte pour investir dans un nouvel appareil.

2016. Qui l’eut cru ? Le nouvel appareil est un G7X… Le MkII présente une mise à jour assez notable pour me faire revenir sur ce choix. Dans un premier temps, l’assurance en a assumé une partie. L’environnement Canon a fait le reste. Pourquoi aller chez Sony ? Changer de nomanclature ? Un nouveau logiciel de conversion raw-jpeg ? Pas tellement nouveau comme supplémentaire. KISS. Keep it simple, stupid… et comme mon ami Robert se plait à me le rappeler, « La misère, c’est optionnel… »

J’ai surtout fait la paix avec les faiblesses. En magasinant, en allant voir ailleurs, je me suis retrouvé face à des compromis, à d’autres faiblesses. Alors, aussi bien opter pour des faiblesses connues auxquelles je suis familier au point de les contourner, genre…

Le MkII comporte désormais une protubérance pour améliorer la tenue en main. J’aurais préféré qu’ils n’en fassent rien, la solution Lensmate était supérieure et plus élégante mais avec cette modification, elle ne peut être installée. Soyons beau joueur, le revêtement caoutchouté compense pour la timidité de forme.

Je me suis repris avec l’adapteur qui permet d’installer un filtre 52mm devant l’objectif. J’ai déjà mentionné la vulnérabilité du rideau de « protection » en mode fermé. C’est réglé. En plus d’un UV, le bonus est le filtre polarisant qui manque cruellement aux compacts modernes.

Le Canon 6D MkII

Noël 2017. Ça me tiraillait depuis un moment. Le 5D approchait les dix ans d’âge, what’s next ? J’ai déjà remis en question l’équipement lourd. J’ai déjà rêvé de faire léger et discret. Tout de même, la mise à jour n’est pas évidente. D’une part, il m’arrive encore de faire des contrats de couverture photo, des commandes qui exigent un certain standard de qualité optique autant que du rendu. Les Hybrides ont de plus en plus la cote. C’est la nouvelle tendance. Ma réflexion va vers le pratico-pratique et un certain pragmatisme. Bien sûr que la visée reflex prend de la place. Alors, un boitier sans prisme et sans miroir c’est moins encombrant. Mais si on s’en tient au capteur plein format, les optiques, qu’il faut remplacer pour incompatibilité de monture n’en sont pas moins du même gabarit. J’aurai toujours un 70-200 2.8, gros comme un truck et qui pèse deux tonnes de l’autre côté du boitier… Et à quel prix ! Ou bien on garde ses précieux objectifs et on ajoute un adapteur qui prend plus de place que le miroir qu’on a sacrifié pour la nouvelle tendance… Comme le dit si bien McSwen, « En as-tu vraiment besoin ? » Il a beau avoir quelques rides, le 5D MkII n’est pas un deux de pique et tient encore très bien la route.

C’est le truc du gars qui est à la retraite, qui voit son budget réduit et qui se dit que c’est le moment ou jamais. Et il y a ce rabais sur le 6D MkII. Et puis, ce sera mon dernier, et puis il y a ce viseur orientable en live view qui me courtise depuis des années. J’en rêve. Plus besoin de me coucher dans la boue ! De grimper dans une échelle ! Il y a plein de petits trucs comme le WiFi, des capteurs de mise au point plus nombreux, moins de bruit dans les hauts ISO, et encore ce viseur orientable et puis ce sera mon dernier… Et c’est Noël. J’ai cédé et pour faire bonne mesure, je me suis payé un 35mm F2 en guise de choux décoratif…

J’ai nagé trop longtemps dans la mer des ultra grand angle pour être totalement à l’aise avec la focale 35mm. J’ai cru, bien naïvement que je pourrais jouer au photoreporter des années 70-80 et voguer sur le 35 fixe mais j’ai toujours l’impression de chausser une pointure trop petite… Tout de même, un contrat photo avec le club nautique de Baie-Comeau m’a amené à utiliser le 35 f/2 lors d’une sortie en mer afin de saisir des voiliers illuminés après le coucher du soleil. Focale un peu courte (eh ben…) mais le piqué m’a permis de sauver la mise en cropant. Oui, j’aurais pu avec la 50 1,8 mais comme elle est associée au 5D resté à la maison… Pour plusieurs prises, des voiliers se sont approchés et la focale était parfaite ! Des séances de voie lactée en ont aussi bénéficié. Bien calé au fond du sac, il n’est jamais loin.

Le 5D non plus. L’amoure de ma vie en a hérité et ne s’en plaint pas. Son vieux Sony a230 tient compagnie à mon Canon 30D sur une bibliothèque. Bibelots singuliers s’il en est…

Flash / la suite

Ce mot vient compléter une chronique écrite au siècle dernier et que l’on retrouve plus haut dans le présent volet du site entre le Minox GL35 et le Nikon F100…

2020. Depuis 1999, il s’en est passé des choses. Le T-20 a rencontré Gaëlle, 2 ans, le Vivitar fut revendu, le Yashica fut donné. J’ai fait le virage numérique, Canon de surcroit, et le club photo a fait en sorte qu’on a expérimenté le studio. J’ai longtemps privilégié l’éclairage continu en studio. Des lampes Flood 500w avec parapluie. Le club photo Caniapiscau s’est ensuite équipé de lampes Ianiro halogènes 1000w avec Softbox que j’ai utilisé sans remords pour avoir sacrifié mes flood au bénéfice du club pendant des années. Avec le Canon est venu un 430EX auquel s’est ajouté un 600EX-RT quelques années plus tard. Je les utilise peu. Le 430 tient compagnie au 5D. Il m’arrive de jouer les « master and slave » sans culpabilité… J’ai quitté Fermont en 2011 et les Ianiro sont loin. Afin de mieux couvrir le Relais pour la vie de Baie-Comeau, j’ai fait l’acquisition d’un kit flash Elinchron 400w/s avec parapluies et soft box (portraits des équipes durant la nuit). Pas souvent mais puissant et pertinent quand besoin est… Pas souvent et flash vont de pair mais il m’arrive de plus en plus d’utiliser le 600EX lors de couvertures d’évènement. Ça m’aura pris 40 ans pour me faire à l’idée…